Cher·e·s collègues, cher·e·s ami·e·s, cher·e·s étudiant·e·s,
Le Centre de recherches Pénalité, Sécurité & Déviances a le plaisir de vous inviter à son colloque anniversaire pour ses 20 ans et les 85 ans de l’Ecole des sciences criminologiques Léon Cornil, sur le thème :
Résister !
Ce colloque sera également l’occasion de rendre un hommage professionnel, intellectuel et personnel à notre collègue Christophe Adam, disparu fin 2019.
Sous le titre « Résister ! », il s’agira d’aborder les diverses formes de résistances, d’instrumentalisations, de bricolages, d’aménagements des acteurs et actrices (des professionnel·le·s ou des personnes qui sont définies comme déviantes) face à la multiplication des injonctions à mesurer, évaluer, expertiser, standardiser, rendre des comptes.
Le colloque se déroulera à l’ULB sur deux journées, les 2 & 3 décembre 2021. Le programme et les informations pratiques suivront dès que possible.
Nous espérons vous y rencontrer nombreuses et nombreux en chair et en os.
« Résister ! » – Présentation
La crise du Nothing Works et, en Belgique, le contexte social et politique de la fin du XXe siècle nous ont fait entrer petit à petit dans l’ère de l’évaluation, de l’expertise et de la standardisation, transformant progressivement certaines logiques d’action qui président différents dispositifs de l’action publique.
Dans des champs qui intéressent la criminologie, en particulier ceux de l’application des peines, de la santé mentale, de la police, de la sécurité et de la prévention, on a pu observer de nouveaux instruments d’évaluation, de mesure, de contrôle ou d’expertise faire leur apparition dans le quotidien des acteurs et actrices professionnel·le·s. Ces derniers et ces dernières ont alors parfois été investi·e·s de nouvelles fonctions au motif, tantôt de diminuer la dangerosité ou de réduire les risques de récidive, tantôt de rendre plus efficace l’action publique, ou tout simplement de justifier et rendre compte de ce qui est effectivement fait.
Imprégnant différents champs criminologiques, des logiques que l’on pourrait qualifier de managériales refaçonnent peu à peu des mondes professionnels qui ont à travailler avec la complexité humaine, pourtant difficilement réductible à des chiffres, tableaux et indicateurs. On assiste alors à des effets ou des tentatives de rationalisation et de standardisation de tâches professionnelles, qui peuvent affecter tant le sens du travail mené par les acteurs et actrices que les effets de ces politiques sur les publics cibles. Ceux-ci, dans certains contextes, doivent à leur tour rendre compte et se conformer à des instruments de mesure et de contrôle sous peine de faire l’objet d’une (nouvelle) réaction sociale.
Comment les acteurs et actrices professionnel·le·s s’adaptent-ils·elles à ces exigences bien souvent inconciliables avec leurs pratiques de terrain ? Face à ces logiques gestionnaires, quels types d’aménagements mettent-ils·elles en œuvre ? Face à de nouvelles finalités parfois latentes, comment ces acteurs·trices et les personnes étiquetées comme déviantes faisant l’objet des politiques mises en œuvre résistent-ils·elles ?
Autant d’interrogations qui peuvent être soulevées et qui constitueront le cœur de ce colloque. Chercheur·euse·s et professionnel·les·s y présenteront en effet leurs observations et analyses sur les bricolages, les aménagements, voire les instrumentalisations et/ou les résistances déployés par les acteurs et actrices confronté·e·s à ces « nouvelles » scènes de l’évaluation et de l’expertise. Des marges de manœuvre qu’ils·elles gardent ou s’octroient à des formes plus frontales de résistances, ce colloque propose une plongée dans les univers professionnels d’acteurs et actrices qui luttent, chacun·e à leur manière, contre certains mécanismes réductionnistes à l’œuvre dans les injonctions contemporaines à l’évaluation ou à l’expertise.